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1 août 2010 7 01 /08 /août /2010 11:45

C’est étonnant…  Je l’avais annoncé à certains hier lors de notre réunion chez Chantal, je souhaitais poursuivre notre publication estivale par un texte de G. Clémenceau dans lequel il dresse un tableau très noir de la pratique républicaine du pouvoir d’alors et voulais le mettre en perspective avec un texte du même, publié quelques mois plus tard dans lequel il donne une solution pour tous les citoyens…  

 

Ces deux textes, vous allez pouvoir les lire et puis un troisième, aussi. Jean-Luc Mélenchon, sur son blog hier, répond à la tribune qu’a publié Clémentine Autain dans Libé sur l’organisation et l’union de l’Autre Gauche. La voie qu’il trace est étonnement semblable à celle préconisée par Clémenceau un siècle plus tôt…

 

Sommes-nous voué à l’échec, toujours… Aujourd’hui comme hier ? Ou bien saurons-nous nous montrer, cette fois-ci, à la hauteur de l’enjeu ?

 

Texte publié par Clémenceau à l’une des heures les plus noires de l’affaire Dreyfus, en février 1898, après la condamnation de Zola :

 

Clemenceau_Georges_3.jpg« Zola est condamné à un an de prison. C’est bien fait. L’avenir jugera les juges. Outre que ce procès a eu l’avantage de jeter de nouvelles lumières sur l’affaire Dreyfus et sur l’affaire Esterhazy – ce qui tôt ou tard obligera le plus rebelles à se rendre à la vérité – on peut dire qu’à cette occasion toutes les questions de gouvernement se sont trouvées posées.

 

On a vu soudainement coalisés pour défendre l’illégalité au nom de la loi et l’iniquité au nom de la justice toutes les puissances sociales chargées d’assurer impartialement à tous l’égale justice de la loi. Et le spectacle n’a pas manqué de grandeur, car à l’appel de toutes les forces de privilège, d’intolérance et d’oppression ont répondu toutes les fureurs des meutes d’ignorance et de sauvagerie. Toutes les passions du Moyen Age, qu’on croyait mortes, ont soudainement revécu. Pendant une journée, grâce aux complicités de la police, de la gendarmerie, à qui des officiers de toutes les armées, donnaient ouvertement des ordres, le palais de justice a retenti des cris de Mort aux juifs, et si Zola s’était vu acquitter, il n’est pas douteux que des violences n’eussent été tentées, qui pouvaient aboutir à des scènes de meurtre par l’inertie des forces répressives.

 

Mort aux juifs est devenu le cri du jour, et l’antisémitisme – nom nouveau du gouvernement des curés – est le véritable maître des oligarchies de réaction groupées sous la tutelle officielle < du président du conseil > M. Méline et de son ministère.  Ce n’est certes pas pour les beaux yeux de la République que s’est produite, quinze jours durant, la grande manifestation militaire du palais de justice. Ce n’est certes pas par amour des lois qu’on a violé la loi chaque jour en cour d’assises. Ce n’est pas par respect des principes d’un gouvernement libre et juste qu’on a outrageusement violé la liberté de défense et mis l’affirmation de la volonté militaire au-dessus de la justice. Ce n’est pas par esprit de discipline qu’on a culbuté toute la hiérarchie gouvernementale pour venir poser devant un jury la démission en masse des officiers de l’état major. Non. Cet état de pure anarchie, masqué d’un patriotisme de cabotinage, a des causes profondes qu’il faut avoir le courage de découvrir.

 

D’abord l’indicible lâcheté des républicains du gouvernement qui ne se propose rien que d’occuper des offices dont ils sont indignes et ne comprennent pas que la République inactive, la République sans justice et sans liberté, c’est l’esprit de privilège et d’intolérance puisant une force nouvelle dans les institutions de la monarchie que nous avons conservées.

 

Ensuite, le désarroi des partis qui ne semblent plus lutter, à part une minorité généreuse, que pour les dépouilles opimes du pouvoir. Enfin, la grave déconvenue des masses électorales qui ont vu s’évanouir tant d’heureuses promesses et, ne se trouvant point prêtes à accepter la socialisation collectiviste, se voient ballotter au hasard  des courants d’opinion, livrées sans défense aux entreprises des factions.

 

Les députés n’ont d’autre souci que de leur réélection, les ministres que de leur maintient au ministère, le président que de jouer à la monarchie … Les principes républicains ont été mis en déroute par ceux-là même qui avaient juré de les défendre. Les hommes de la Révolution française ont déserté leur propre cause. »

 

Cet état des lieux républicains de 1898 diffère-t-il de beaucoup de celui qu'on pourrait faire aujourd'hui ? Alors faut-il se décourager ? Peut-être... Mais non, car même après deux guerres mondiales, après la colonisation (que Clémenceau a combattu si fort) puis la décolonisation la voie qu’il proposait aux hommes, aux citoyens de l’époque, les hommes libres que nous sommes aujourd’hui peuvent toujours la suivre (15 janvier 1899) :

 

« Les défaillances de tout ce qui s’attribue une autorité sur l’homme sont sans nombre. L’égoïsme féroce habite en nous. L’iniquité sociale déborde de toute puissance établie dans le monde. Qui cherche une injustice à réparer n’a qu’à tendre la main au hasard. Combien, tout aussitôt trouvera-t-il de mains suppliantes ? Combien de voix crieront secours ? Pourquoi donc tant de labeur pour aboutir à des axiomes de bonté, à des formules d’amour ? Les paroles ne sont rien, trop souvent, que des feintes de zèle. A l’action, vous tous qui sentez le mal, qui voulez le bien, et qui avez en vous quelque possibilité de faire. Profitez de l’enseignement que vous offre le spectacle de nos présentes misères. Il faut vouloir. Il faut agir. Demain nous presse. Des forces contradictoires sont en conflit dans l’homme. Au lieu de nous répandre en préceptes stériles, mettons toute chance à profit pour marquer la surprise de notre courte existence par l’acte de pitié qui nous prolonge au-delà de nous-même. »

 

Réponse de  Jean-Luc Mélenchon à Clémentine Autain, sur son blog hier (vous remarquerez que je respecte ici la mise en page compacte qui caratérise le blog de Jean-Luc) :

 

Melenchon_portes.JPG(…) Et pourquoi serions nous condamnés à choisir, ou ne plus choisir, "entre Lénine et Trotski" (hum, c'était entre Staline et Trotski…) comme elle l’écrit, nous qui existons aussi et qui avons choisi depuis longtemps Jaurès ? A quel étroit périmètre serait ainsi réduite la force que nous voulons rassembler s’il n’y avait de dépassement en vue que celui là !  Quand à la question de la crise écologique qu’évoque aussi Clémentine, elle s’articule sans avoir besoin de nous à la question sociale pour cette raison qu’elle la contient. Et c’est pourquoi l’écologie politique est bien le nouveau paradigme du socialisme faisant que nous ne parlons pas seulement pour une classe quand nous luttons pour la fin du capitalisme mais pour l’humanité tout entière. Et donc cela relègue l'idée avant gardiste au rayon du passé. Je n’écris pas tout ceci pour ouvrir une polémique car j’estime personnellement beaucoup Clémentine Autain et tout autant nombre de ses proches comme l’historien communiste Roger Martelli . Je le fais pour lui dire : le temps tourne pour tous. Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe d’une nouvelle querelle byzantine sur la nature de l’autre gauche. Nous ne pouvons limiter notre ambition à un "bon coup" de dernière minute qui nous verrait tous nous tomber dans les bras après d’abjectes tractations venimeuses de couloirs.  Nous ne pouvons nous limiter à la seule dénonciation des impasses sociales démocrates. Il faut aller à la conquête du grand nombre sur un programme de changement radical de société qui fait bien moins peur aujourd'hui qu'il ya seulement trois ans!. Travailler concrètement à construire une nouvelle majorité politique pour gouverner notre pays et y faire la révolution citoyenne qui lui est nécessaire ! Et le préalable pour cela c’est la détermination à le faire. Elle se vérifie sur un critère simple : l’action. Tout de suite, maintenant ! (…)

 

 

Il faut vouloir. Il faut agir. Demain nous presse. (G. Clémenceau)

 

Et le préalable pour cela c’est la détermination à le faire. Elle se vérifie sur un critère simple : l’action. Tout de suite, maintenant ! (Jean-Luc Mélenchon)

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commentaires

B
<br /> <br /> Super , comme celà colle bien avec nos désirs et espoirs à tous.<br /> <br /> <br /> A très bientôt dans les luttes.<br /> <br /> <br /> Nizou<br /> <br /> <br /> <br />
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