La peur n'est jamais bonne conseillère, pour voter non plus.

 par Martine Billard, co-présidente du parti de Gauche

Libération premier épisode : 3 janvier, lettre de François Hollande aux français avec une pleine première page du journal pour l'annoncer. A la lire, vous serez tous restés sur votre faim.
Libération deuxième épisode : 9 janvier, en première page toujours : Libé nous dit : 30 % des électeurs n'excluraient pas de voter Le Pen. De quoi se faire une belle frayeur ! Et pourtant, c'est une grosse manipulation qui consiste à compter dans ces 30 %, 12 % qui ont répondu « non probablement pas ». Mais 18 % qui répondait, « oui probablement ou certainement », cela ne fait pas assez peur. Plus l'escroquerie est énorme, meilleur est le titre de couverture, telle semble avoir été la devise.
Immédiatement, Benoît Hamon a rebondi en affirmant que la présence de Marine Le Pen au second tour « n'était pas farfelue ».

La mécanique du vote utile au premier tour est ainsi lancée. Puisque les électeurs n'ont pas l'air emballés par les débuts de la candidature Hollande, un petit coup de pouce pour les empêcher de « s'égarer » n'est jamais inutile ! Et pourtant, le PS ne peut pas arguer du trop grand nombre de candidats à gauche ou de la dispersion des voix. Si François Hollande baisse dans les sondages, il ne peut s'en prendre qu'à lui-même. Sa stratégie de ne rien dire finit par faire douter ses propres électeurs. Il ne donne pas envie d'aller voter !

Et dans ses conditions, le diable centriste peut ressortir : Bayrou est de retour. Mais pour un candidat soi-disant ni à gauche ni à droite, ses ralliés (Douste Bla Bla, Boutin etc.) sont drôlement à droite.

En même temps, Sarkozy se lance dans une agitation désespérée pour faire croire qu'il va faire en 3 mois ce qu'il n'a pas fait en 4 ans et demi (taxe Tobin, TVA sociale, répartition des médecins sur tout le territoire etc.) pendant que Claude Guéant continue à chasser sur les terres du FN.

Voilà le panorama, tel que certains veulent le dessiner, en jouant de chaque côté de la stratégie de la peur : François Hollande, seul capable à gauche d'être au second tour, Nicolas Sarkozy seul capable à droite de contenir le FN.

Mais dans tout cela, aucune réponse aux attentes des français qui n'en peuvent plus mais qui eux savent ce qu'ils veulent : virer Sarkozy et l'UMP pour faire une politique qui réponde à leurs besoins. Il est de la responsabilité du Front de Gauche de continuer à démonter les sommations idéologiques assenées au quotidien pour faire accepter l'austérité, le détricotage des droits sociaux et la disparition lente mais régulière de nos services publics.

Enracinons le Front de Gauche avec les assemblées citoyennes, avec des modes d'interventions variés (tract, affiches, agit-prop, écoutes collectives) partout, dans les villes, dans les campagnes, sur les lieux de travail, dans les universités, chez les jeunes, chez les anciens, chez les femmes, partout.